L’épicéa
« De tous nos ancêtres les arbres sont les plus sacrés, les plus étonnants et les plus méconnus(…)
Ne te contente pas de respecter les arbres. Ils sont nos vrais pères, penses-y. »
Henri Gougaud. L’almanach.
Que rajouter après ce texte sur notre ancêtre l’épicéa ?
Qu’il est né dans les forêts de Scandinavie, principalement de Finlande il y a 2000 ans après le recul des glaces. Et que depuis que les grandes forêts surtout du Nord de la France (Vosges et Jura) ont recouvert notre continent, on le vénère. Les celtes et les germains l’appelaient « le porteur de vie » car il représentait un symbole d’espoir et d’invisibilité, capable de tenir face à l’hiver. Victoire de la lumière sur les ténèbres et de la vie et la mort, il était aussi lié à l’enfantement, ce qui est à l’origine du sapin de Noël. Arbre du mois de décembre dans le calendrier lunaire celte, l’épicéa était associé à la fête païenne du solstice d’hiver, considéré comme lejour de la renaissance du soleil :Yule. Dans les pays scandinaves c’est le nom de Noël. Un » arbre de vie » était décoré par eux de fleurs, de fruits et d’épis de blé.
Qu’on le confond souvent, d’ailleurs, avec le sapin. Mais leurs feuilles sont très différentes. Les aiguilles du sapin ne piquent pas et sont aplaties. Elles sont vertes d’un côté et plus pales de l’autre. L’épicéa, lui, a des aiguilles piquantes. Elles ne sont pas aplaties mais leur section forme un losange. On dit que les unes forment un peigne et les autres une brosse.
Que leur écorce est comme sculptée sur toute sa surface de folioles rondes.
Qu’on le plante dans des bois de rapport pour son bois, utilisé dans la construction mais aussi en ébénisterie car son fil est droit et d’une jolie teinte crème,chaleureux dans les intérieurs ou pour les revêtementsextérieurs car, traité il devient résistant et durable. Et il est aussi prisé en lutherie. Il est considéré comme respectueux de l’environnement. Ses souches sont un trésor pour le renouvellement de l’humus de la forêt. Ce pourquoi il faut les laisser quand on coupe l’arbre, même mort.
Que souvent utilisé pour son bois, on a longtemps cru qu’il vivait peu mais il vient d’être démontrer que sa durée de vie peut atteindre les 500 ans.
Qu’il est en danger car un petit insecte attaquent ses beaux troncs, le scolyte. On peut repérer un arbre infesté car les branches dépérissent et l présence de forage se repère à la base du tronc sous la forme de poussière brune. Et ceci se généralise de plus en plus. Un forestier venu avec l’association » Bretagne Vivante » dans le Parc nous a informé de ce danger récurrent.
Qu’il est un garde-manger pour les campagnols, les écureuils et le refuge de quantité d’oiseaux dont le pinson, comme son beau voisin dans le Parc, le peuplier.
Qu’il est aussi précieux dans la pharmacopée humaine. Une infusion de ses jeunes pousses fluidifie les muqueuses et soulage les cordes vocales fatiguées ou irritées. Que le amérindiens l’utilisent comme gomme à mâcher pour sa chlorophylle. (Ca ne vous dit rien ?).
Qu’ayant servi dans le Parc surtout pour en border la périphérie, il sera lui aussi menacé d’abattage alors que deux ou trois individus sont de très grande taille. Il a d’ailleurs servi un moment de bois de chauffage pour une parcelle située à l’est, louée à ce dessin, alors. On voit encore le débitage des branches en tas. Le tronc de l’un d’entre eux a été coupé trois fois et il a repoussé à chaque fois.
Et voilà.
Bravo à l’épicéa. À tous les épicéas du Parc.
« L’arbre n’est point semence, puis tige, puis tronc flexible, puis bois mort. Il ne faut point le diviser pour le connaitre. L’arbre, c’est cette puissance qui lentement épouse le ciel »
Antoine de St Exupéry, Citadelle.